Parfois pris au piège de ses postures iconoclastes, satiriques ou contestataires qu'il assume, il souffre de voir L'Arrache-cœur, livre sincère, peu pris au sérieux « c'est drôle quand j'écris des blagues ça a l'air sincère, et quand j'écris pour de vrai, on croit que je blague[252]. » Dans Vercoquin et le Plancton, il fait une description vestimentaire des zazous : « Le mâle portait une tignasse frisée et un complet bleu ciel dont la veste lui tombait aux mollets […] la femelle avait aussi une veste dont dépassait d'un millimètre au moins une ample jupe plissée en tarlatane de l'île Maurice[66]. Le poète tombe très vite amoureux de cette femme de caractère, indépendante et lumineuse. L'aïeul Séraphin Vian, est né en 1832 à Gattières, dans les Alpes-Maritimes, non loin de la frontière italienne . Il y écrit son premier recueil de poèmes, Cent sonnets, et ses premières œuvres, écrites comme des contes : Conte de fées à l'usage des moyennes personnes. Une liste complète offrirait pour le moment 535 titres de chansons (y compris non publiées), poèmes chantés et adaptations, selon le site Boris Vian : Œuvre chantée[325]. Sa timidité naturelle ne l'empêche pas de séduire. Outre les articles de presse pour Combat et Jazz Hot, il anime une série d'émissions de jazz pour la station de radio américaine WNEW[144] qui porte les initiales américaines WWFS signifiant W We're FreSh, le mot fresh, en argot américain signifiant depuis 1848 : insolent, irrespectueux ou impudent[145]. Mais c'est en 1950, alors qu'il est invité à un cocktail par Gaston Gallimard, que Boris Vian rencontre une jeune femme "avec la figure en triangle", Ursula Kübler, qu'il épouse en 1954. Toutefois, les actes d'état-civil montrent que son nom de famille est Ravenez : Les Vian habitent le chalet du haut « Le Costil » situé dans la vallée du Hubiland. Ils écrivent ensemble plusieurs scénarios de film et saynètes de théâtre ainsi que Trouble dans les Andains, un premier roman. » Mais son attitude est contradictoire : il se refuse à toute influence célinienne sur ses écrits, tout en la reconnaissant : « C'est drôle, Céline a fait beaucoup mieux, je ne me sens pas influencé par Céline, et pourtant ça me rappelle Céline[248]. Ce sont les rares sorties où Yvonne ne s'inquiète pas pour ses enfants. En 1955, Boris Vian fait ses débuts de chanteur aux Trois Baudets, encouragé par Canetti et toute la bande d’artistes qui gravitent autour de lui. Et Boris continue à rencontrer ses amis à la discothèque du 83 rue de Seine[205]. 1951 et 1952 sont des années sombres. Ingénieur formé à l'École centrale, il s'est aussi adonné aux activités de scénariste, de traducteur (anglais américain), de conférencier, d'acteur et de peintre. C'est avec eux que Boris est invité à se produire, avec l'orchestre Abadie dans le film Madame et son flirt de Jean de Marguenat[86]. Serait-il troupier? C'est au moment où il a écrit ses premiers textes (Cent sonnets) que Vian a réalisé ses premiers collages. Il s'inscrit au Hot Club de France, présidé par Louis Armstrong et Hugues Panassié, dès 1937. Noël Arnaud, qui a passé des années à étudier ces œuvres s'en est approché au plus près dans Les Vies parallèles de Boris Vian (1981), mais aussi dans les préfaces et annotations revues lors de chaque publication et réédition. Vercoquin et L'Écume paraissent de façon très, trop rapprochée, sans gros effort de promotion, et ne bénéficient pas de « l'habituel accompagnement des critiques liées à la maison Gallimard. Dans la foulée, Canetti lui fait enregistrer Chansons Possibles et Chansons Impossibles. Le club des Savanturiers se saborde le 22 octobre 1953[181] dans le plus grand secret pour aboutir à une société encore plus secrète, la « Société d'Hyperthétique », qu'il est interdit de mentionner devant toute personne étrangère au cercle des initiés et dont les activités consistent à s'échanger des livres de science-fiction[182]. Il va bientôt être directeur artistique chez Philips et en attendant, il donne régulièrement des chroniques dans le journal Jazz Hot où il tient une « revue de la presse » jusqu'en 1958. Malgré sa préférence pour un jazz plutôt classique, Boris prend tout de même parti pour Charles Delaunay dans la bataille des anciens et des modernes qui l'oppose à Hugues Panassié en 1947[2]. Le jeu des bouts-rimés est un exercice auquel se livrait en permanence la famille Vian et son entourage composé de la famille Rostand, la famille Léglise et de certains voisins comme André Martin. « Il y a beaucoup de bonheur dans l'Écume des jours. Il a conçu les plans d'une machine à écrire la musique à partir d'une machine à écrire IBM et préconise la création d'émetteurs de radios libres[210]. Le 28 octobre 1958, il publie son premier article sous le titre Public de la chanson, permets qu'on t'engueule, ceci pour défendre le nouveau disque de Georges Brassens qui n'a pas de succès[213]. Cette salle de jeu, que Paul « en fameux bricoleur » a relié à la maison, permet aussi d'organiser des tournois de tennis de table, des bals. Avec son frère Lelio (à l'accordéon et à la guitare), et son autre frère Alain (à la batterie), il monte une petite formation qui anime d'abord les surprises-parties avant de rejoindre en 1942 l'orchestre amateur de Claude Abadie qui joue du dixieland[2], et qui s'efforce de sortir des sentiers battus et des sempiternelles jams de règle chez les musiciens amateurs français[42]. Finalement, en août 1947, le tribunal suspend les poursuites[note 13]. Boris écrit des chansons avec Jimmy Walter qu’il fait découvrir à Jacques Canetti. Très vite, le Cercle Legateux devient une entreprise familiale à but non lucratif, dont la présidente d'honneur est Madame Claude Querer, et le président, Alain. Et le mariage se déroule le 3 juillet pour le mariage civil, le 5 juillet 1941 à l'église. Boris Vian a écrit une quarantaine de nouvelles, et même une soixantaine si l'on inclut la catégorie des chroniques romancées que Marc Lapprand a établie avec Gilbert Pestureau dans le cinquième volume des Œuvres complètes en 2001 aux éditions Fayard. C'était toujours lui qui faisait le Bon Dieu quand on jouait une pièce à l'école ou quand on était en récréation - C'est bien cela dit l'abbé Grille. De ce travail inachevé et décrit variablement par Vian à ses divers interlocuteurs, il reste, estime Philippe Boggio, « une collection d'aphorismes tranchants, marqués au coin de l'anarchie », témoignant « d’une sorte d’état d’insurrection permanente et solitaire » et de la préconisation du « bonheur pour chacun plutôt que [de] l’égalité pour tous »[262]. C'est la seule photo en couleur que l'on connaisse de lui[note 19]. En 2012, les héritiers de Boris Vian ont écrit une lettre au maire de la ville afin de l'alerter sur l'état de la rue en très mauvais état et demandent une rénovation du lieu par « respect pour la mémoire de l'écrivain »[357]. Fondé le 26 décembre 1951 par Raymond Queneau, Pierre Kast, France Roche, François Chalais et Boris Vian au bar de la Reliure chez Sophie Babet, rue du Pré-aux-Clercs, le club des Savanturiers, considéré comme une « secte » par Philippe Boggio, a des activités tenues secrètes. Ou encore « le spectacle est abandonné le 24 juillet[134] ». Boris écrit des scénarios, mais la société de production à laquelle Marcel Degliame apporte aussi son financement fait faillite, et tout se termine par un échec[183]. Avec l'Austin-Healey blanche, Boris fait la tournée des casinos. ». Ce florilège permet de juger à la fois du bouillonnement qui a précédé la représentation, et du lynchage qui s'en est ensuivi[131]. Je le trouvais beau, intelligent, mystérieux, étrange", déclarait Juliette Gréco à Gala en 2013. ». Depuis 50 ans, elle défendait la mémoire de l'auteur de L'Ecume Des Jours ou de L'Automne A Pékin et de mille autres choses. Et ne protestez pas contre Char si Char fait mieux sa publicité que vous[319] ». Une affiche présente le spectacle sous le titre Robert Desnos, Jacques Prévert, Boris Vian : Trois poètes libertaires pour la saison 2012-2013[230]. Boris risque deux ans de prison et 300 000 francs d'amende. Toujours selon Gilles Verlant, Boris Vian aurait inventé le terme « tube » pour les chansons à succès surnommées auparavant « saucissons »[335]. Elle fut vendue finalement et laissée en plein air recouverte d'une bâche sous laquelle elle se décomposa à cause des intempéries et des dégradations dues aux garnements du coin[196]. Cependant, les activités de Boris l'épuisent. Ils ne vont pas encore dans les bars du Quartier latin ni dans les caves. Vian rédige un Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu par des méthodes simples et fausses, chef-d'œuvre de 'pataphysique[256]. ». Liste des citations de Boris Vian classées par thématique. En attendant, Queneau l'intègre à une joyeuse bande de journalistes de Combat : Alexandre Astruc, Jean Cau le gauchiste, Robert Scipion[85]. ». Queneau a fait connaître son écœurement devant l'épuration au sein du comité des écrivains, et cela ne plaît pas aux radicaux auxquels Jean Paulhan appartient[84]. Les adultes de la rue Pradier, parmi lesquels Paul Vian et Jean Rostand se révèlent les plus actifs, sont des passionnés des cadavre exquis, des bouts rimés, des jeux d'esprit et d'écriture comme les aiment les surréalistes. Outre le « pianocktail », Boris fabriquait des mots qui désignaient de réels instruments. Pendant quinze ans, il a aussi milité en faveur du jazz, qu'il a commencé à pratiquer dès 1937 au Hot Club de France. On retrouve encore Boris au Café de Flore ou café Les Deux Magots, où se rassemblent intellectuels et artistes de la Rive gauche, ou bien au Club du Vieux Colombier où il suit Claude Luter à l'ouverture du Club fin 1948. "J'y vais, je ne suis pas particulièrement attirée par Boris: je crois que je ne le vois pas. C'est la voiture qui lui a coûté le plus cher et qui lui a donné le plus de peine. Le père d'Ursula, qui est un des intellectuels suisses les plus raffinés, à la fois peintre, illustrateur, grand journaliste et animateur d'une des meilleures revues culturelles de l'après guerre[198] écrit au jeune couple, dans une lettre pleine d'humour datée du 25 novembre 1953 : « Madame Kübler et moi-même, nous serions heureux dans nos sentiments helvétiques, bourgeois, rédactionnels, publicitaires, de pouvoir annoncer l'état-civil nouveau. Mais pourquoi le peintre se tiendrait-il pour, « […] à en perdre le boire et le manger, ce qui est le signe d'une passion violente et d'un ordre élevé, « […] œuvres néo-cubiques, résolument déprimées, où des personnages somnambuliques glissent le long de damiers qui se dérobent dans le vide, « Si vous savez écrire, vous savez dessiner, « préparent le monde de demain et frayent la voie à la vraie révolution, « Les journaux examinent à la loupe les écrits du sieur Vian », « Vernon Sullivan n'a pas signé le dernier Boris Vian, « C'est bien la liberté d'expression qu'il s'agit de défendre contre les attaques réactionnaires, « Tirons un trait sur cette première pièce et attendons celle que son invention doit nous donner, « Il était un amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n'entendait, ne s'exprimait qu'en jazz », « davantage grief à sa femme qu'au percepteur, « On peut vous refuser une chanson, mais peut-on vous empêcher de la chanter, « Si vous me poursuivez, Prévenez vos gendarmes, Que j'emporte des armes, Et que je sais tirer, « grand pourfendeur des systèmes aristotéliciens, Dans le cercle très fermé des amateurs de science-fiction, on trouve aussi, « La Morgan à quatre roues était l'avant-garde, Boris se souvenait des Morgan à trois roues : quand on évitait un trou avec la roue avant, on était sûr d'écoper avec une roue arrière, « Célèbre dans tout Saint-Germain, vedette à Saint-Tropez, la Brasier parcourut des milliers de kilomètres à 45 — km/heure — de moyenne, « Madame Kübler et moi-même, nous serions heureux dans nos sentiments helvétiques, bourgeois, rédactionnels, publicitaires, de pouvoir annoncer l'état-civil nouveau.