REFRAIN O, terre de détresse Où nous devons sans cesse Piocher. Loin dans l’infini s’étendentDe grands prés marécageuxPas un seul oiseau ne chanteSur les arbres secs et creux, Refrain :Ô Terre de détresseOù nous devons sans cessePiocher, piocher, 2. Outre sa mélodie facile à mémoriser, le chant séduit par son texte fédérateur. Au bout de trois jours la musique était composée, et les voix séparées furent retranscrites sur papier. Le Chant des Marais, hymne européen de la déportation, est une oeuvre collective créée en juillet-août 1933 dans le camp de concentration nazi de Boergermoor. À propos de la composition du chant, Goguel témoignera : On me fit donc clandestinement entrer à l’infirmerie pour que je puisse y coucher ma mélodie sur du papier. A) Ecouter le chant sur You tube. Les SA, puis SS qui reprirent la gestion du camp, exigeaient des prisonniers qu’ils chantent pour se rendre au travail. Le Chant des Marais est entré dès 1945 au répertoire du mouvement choral « À Cœur Joie » fondé par le maître de chant des Scouts de France César Geoffray, dans une version pour quatre voix mixtes harmonisée par lui-même. Ce spectacle, qui dure près de trois heures, bénéficie d’un dispositif d’envergure. Les grands prés marécageux, fr. Il meurt le 6 octobre 1976 à l’âge de 68 ans. L’esthétique générale du chant trahit une forte influence du répertoire des chants de travailleurs communistes des années Weimar (Arbeiterlieder), eux-mêmes imprégnés des couleurs mélodiques de l’Allié soviétique. Je dirai :« Tu es à moi ! Il a grandi dans un orphelinat et travaillé comme ouvrier textile. Son alternance des modes mineur et majeur est, de plus, un élément commun à de nombreuses musiques de tradition orale et le chant fait preuve d’une surprenante adaptabilité à des répertoires traditionnels très diversifiés. Titre. Où nous devons sans cesse La représentation a lieu le 27 août 1933. Len Crome, Unbroken: Resistance and Survival in the Concentration Camps, New York, Lawrence and Wishart, 1988. De 1915 à 1917 il travailla comme marin. Untersuchungen zur Folkbewegung in der Bundesrepublik Deutschland, Essen, Die Blaue Eule, 1995. Pierre commémorative sur le site du camp de Börgermoor, portant la première strophe du. Deux ans plus tard, le compositeur britannique Alan Bush écrit une harmonisation de la chanson pour quatre voix d’hommes, qui sera donnée sous sa direction au Royal Albert Hall de Londres en avril 1939 à l’occasion du Festival for Music and the People. À partir de 1923 il était acteur à Hambourg, Wiesbaden et Düsseldorf. 1. Thomas Geve, Survivant d’Auschwitz, trad. Ouvert dès le début de la répression politique en 1933, il fait office de camp de travail et est rattaché au camp principal de Papenburg. quelques déportés libérés à l’issue de leur condamnation, choisirent de s’exiler et le firent connaître en Angleterre ; c’est là qu’en 1936, le compositeur Hanns Eisler, collaborateur musical de Bertolt Brecht, en fit une adaptation pour le chanteur Ernst Busch. La dernière est le Börgermoorlied. Piocher, piocher. Ses auteurs, trois déportés communistes, l’apprirent à d’autres internés qui l’interprétèrent un jour devant les quelques 1000 prisonniers du camp, qui en reprirent le refrain… Le chant fut immédiatement interdit. La Chanson des Marais (Deportes) Loin, vers l'infini s'étendent Les grands près marécageux. Il se met ensuite en quête d’un compositeur susceptible de mettre le poème en musique. Langhoff lance un appel à volontaires à l’intérieur du camp et reçoit de nombreuses propositions : acrobates, jongleurs, gymnastes, boxeurs, comiques, musiciens, chanteurs, ou encore imitateurs de cris d’animaux. C'est devenu l'hymne de tous les déportés, victimes de la barbarie nazie. Le chant des marais - 1 interprétation. Les paroles sont interprétées sur l’air du Chant des marais. Wir sind die Moorsoldaten und ziehen mit dem Spaten ins Moor! Elle est devenue un emblème du Mouvement de libération des femmes (MLF) et plus généralement des luttes féministes francophones. Mais un jour dans notre vie, Il réunit seize choristes, issus majoritairement d’un chœur ouvrier de Solingen, et organise des répétitions clandestines quotidiennes dans la baraque 8 après le travail. Ils demandent et obtiennent l’autorisation auprès de la Kommandantur pour un spectacle de cirque. Et du sang, des cris, des larmes, L’essor revival des mouvements folk des années 1970 remet le Börgermoorlied sur le devant de la scène ouest-allemande. Le Chant des Marais Lyrics: Loin dans l'infini, s'étendent / Les grands prés marécageux / Et pas un seul oiseau ne chante / Dans les arbres secs et creux / Ô ! L’amour de la liberté et l’appel à surmonter les difficultés sans perdre espoir font également écho aux valeurs du scoutisme. Dans les années suivantes, il a vécu avec sa famille, à cause des arrestations répétées et l’incapacité de trouver un emploi, une grande détresse économique. Une traduction anglaise figure dès 1937 dans le recueil Songs of the people édité à New York par Workers Library Publishers, sans mention du nom du traducteur. La chanson est parfois intitulée Lagerlied von Börgermoor, plus fréquemment Wir sind die Moorsoldaten ou encore Die Moorsoldaten. Au milieu de ce public hétéroclite, un clown circule pour vendre de la « glace des marais » – il s’agit en fait de grosses portions de tourbe. L’espace d’un instant, les détenus retrouvent un plaisir interdit durant ces semaines de traitements dégradants et de terreur exercée par les SS. 126 Albert Street 4, « Dix Chants de Liberté » pour chœur mixte, Paris, 1946. Le chant des marais. Vogelsang uns nicht erquickt, Bearbeitungen, Nutzungen, Nachwirkungen, Papenburg, Dokumentations- und Informationszentrum Emslandlager (DIZ), 2008, 2 CD. Cette même année, le chant figurera même dans le recueil Jiddische Lieder gegen die Nazis, dans sa version originale. Le Chant des marais a été écrit en juillet 1933 par des prisonniers allemands antinazis au camp de Börgermoor, un des premiers camps de concentration conçus pour y enfermer les opposants au nouveau régime. La version d’Eisler fait ainsi son entrée dans les camps français. Intitulé « Das Lied der Moorsoldaten » (traduit en français sous le titre de « chant des Marais »), il traduit la plainte des antifascistes et des juifs, premiers internés dans ces camps. Bruit des pas et bruit des armesSentinelles jours et nuitsEt du sang, des cris, des larmesLa mort pour celui qui fuit, 4. Ô terre de détresse Fackler, Guido: „Des Lagers Stimme’ – Musik im KZ. A l'origine, il s'agit d'un chant de la guerre de sécession, qui a été repris et popularisé durant la guerre des Boers, repris par les Afrikaners. Après la guerre, Goguel milite pour le Parti communiste en Allemagne du sud. Le Chant des Marais Ce chant a été écrit dans un des premiers camps de concentration situés en Allemagne. Le chant s’intitule Jaros, en référence à l’île où furent ouverts des camps de prisonniers, notamment pendant la dictature militaire grecque. Tandis que les détenus quittent progressivement les camps, de nombreuses fêtes d’adieu sont organisées. Au milieu d’un grand désert. hinter Stacheldraht verstaut. Le chant semble tout désigné pour devenir l’hymne du camp (Lagerlied), mais il est finalement interdit par la Kommandantur. nécessaire]. Johann Esser est né le 10 avril 1896 à Wickrath. Isabelle Longnus chante Le Chant des marais.http://www.isabellelongnus.comÉcrit dans le camp de concentration du BorgermoorMusical Arrangement: Jonathan Benny Wir sind die Moorsoldaten          und ziehen mit dem Spaten          ins Moor! Voici la plus fréquente : Loin dans l’infini s’étendent Sa diffusion y sera également assurée par les brigadistes espagnols à partir de la Retirada de 1939. Sentinelles jour et nuit Dans ce camp morne et sauvage Chansons de France, 2007. Reprendre . Celui-ci rejoignit en 1937 les Brigades internationales en Espagne, de sorte que le Moorsoldatenlied, chanté par les volontaires allemands des Brigades, acquit rapidement une grande notoriété. Votre score est de / = % Il bat ou égale % des personnes testées aussi eu 100%. Membre du parti communiste, acteur dans une compagnie de théâtre militant, il est arrêté par la Gestapo le 28 février 1933 et déporté en juillet à Börgermoor. La version française (qui connait quelques variantes, est davantage une adaptation qu’une traduction). L’euphorie de ces deux heures de semblant de retour à une réalité oubliée prend fin avec la restitution du tabac non consommé. Il ne faut pas le confondre avec le chant religieux, en hébreu, entonné lors de chaque cérémonie de la déportation, le dimanche précédant le Nouvel An selon le calendrier hébraïque, en la Synagogue de la Victoire, à Paris[pourquoi ?][réf. Nous nous serrâmes étroitement autour des tables, nous parlâmes de chez nous, de nos familles, de notre activité politique, et peu à peu fondit l’hébétude qui avait pesé sur nous depuis notre arrivée au camp. Pour éviter que les gardiens et le commandant ne prennent des photos, on les installe face au soleil. Wolfgang Langhoff, Les Soldats du Marais. Agnès Triebel, Paris, 2011. qui a lui-même une histoire peu banale. Après les paroles [du dernier refrain] « Alors les soldats du marais ne bêcheront plus dans les marécages », les seize chanteurs plantèrent leur bêche dans le sable et quittèrent la piste ; les bêches laissées dans cette terre des marais ressemblaient à des croix tombales. Les numéros finaux sont des chansons à quatre voix entonnées a capella par un chœur. Armés de lattes trouvées dans le camp, ils frappent aveuglément les détenus, provoquant un état de panique générale. fr. Ce coffret propose 33 versions différentes du chant sur les 170 enregistrements qui ont été recensés par le DIZ. Pour toutes ces raisons, le chant est tout d’abord ignoré en Allemagne de l’Ouest, sans pour autant être interdit. Wir sind die Moorsoldaten und ziehen mit dem Spaten ins Moor! Ô ! Le rythme est certes celui d’une marche, mais le mode mineur vise à traduire la fatigue des détenus contraints à la discipline militaire. Un tel moment est propice à l’établissement de lien social, comme en témoigne le comédien Wolfgang Langhoff : Au cours de cette après-midi de dimanche nous nouâmes entre nous des liens d’amitié plus solides. Et pas un seul oiseau ne chante Dans les arbres secs et creux. Hier in dieser öden Heide Le Börgermoorlied. Cette même année, la mélodie voyage d’Oranienburg à Prague lorsqu’Erich Mirek, ancien membre de la troupe d’Agit-Prop Das rote Sprachrohr, la chante à ses amis qu’il rejoint en exil. Playlist. Un grand espace sableux est dégagé entre les baraques et transformé en piste. Dans les arbres secs et creux. Très largement diffusé dans tous les milieux de résistance au nazisme, le chant devient dès lors un symbole puissant de la lutte antinazie. Il est licencié en 1932 à cause de son engagement politique. En 1972, l’acteur grec Kostas Papanastasiou en fait un arrangement dans le style de la « chanson artistique » grecque (entechno). Le tabac qui avait été saisi à cette occasion leur est restitué pour deux heures seulement, à l’issue desquelles ils devront retourner ce qui n’a pas été fumé. Il nous semble vivre en cage, Au milieu d'un grand désert. ewig kann´s nicht Winter sein. Hanns Eisler, « Bericht über die Entstehung eines Arbeiterliedes », Schriften und Dokumente, vol. Le camp de Börgermoor, officiellement l’Emslandlager, était un camp de concentration nazi situé dans le Pays de l’Ems en Basse-Saxe. Entouré de fils de fer, À ces occasions, certains Lagerlieder résonnent comme des hymnes célébrant la fin de l’oppression nazie et constituent progressivement un répertoire qui sera désormais lié aux réunions d’anciens déportés ou aux événements de commémoration. ), Jiddische Lieder gegen die Nazis: Kommentierte Liedertexte mit Noten, Bonn, Wehle, 1996. Langhoff est présenté à Johann Esser, mineur dans la Ruhr et militant du parti communiste allemand (KPD), auteur de poésies publiées dans le journal local Ruhr-Echo, l’un des organes du parti. Dans l’immédiat après-guerre, l’élément politique est déterminant : les auteurs du chant, mais aussi Hanns Eisler et Ernst Busch, étaient tous, sinon membres du parti communiste allemand (KPD), du moins sympathisants ou militants communistes.